Edito
06H09 - mercredi 6 octobre 2021

LR : le Congrès du 4 décembre sera-t-il une messe de Requiem de la droite ? L’édito de Michel Taube

 

Comment faire pour se tirer une balle dans le pied ? Consultez la direction des Républicains qui en connaît le mode d’emploi.

Après moult tergiversations, LR a renoncé à la primaire ouverte pour désigner le candidat de la droite au bénéfice d’un congrès à l’ancienne. Mais les contours de celui-ci sont complètement flous et entretiennent les rivalités. Ouf on a déjà échappé de peu à la désignation par sondages, aux résultats peu tranchés, Xavier Bertrand étant légèrement devant Valérie Pécresse, mais toutefois avec une prime non négligeable : il serait le mieux à même de battre le sortant lors d’un second tour… à condition qu’il l’atteigne.

Ce choix du congrès correspond à l’histoire et à l’ADN d’un grand parti de droite, tout comme pour l’ensemble de la Vème République, très verticale dans sa conception. Mais il arrive bien trop tard !

L’exemple des Verts aux dernières primaires

La primaire ouverte, importée des États-Unis, n’a jamais été en France qu’une machine à perdre ou à désigner des candidats de second niveau ou trop clivants pour espérer un bon résultat devant tous les Français. Les Verts étaient à deux doigts d’en donner une nouvelle illustration : la néo-féministe extrémiste, indigéniste et wok Sandrine Rousseau, qui a autant à voir avec l’écologie que Jean-Luc Mélenchon avec la laïcité, n’a été battue que d’une courte tête par Yannick Jadot à la primaire ouverte des Verts. Une très mauvaise nouvelle pour Emmanuel Macron qui se retrouvera en face d’un écolo (relativement) raisonnable, et un nouveau clou sur le cercueil politique d’Anne Hidalgo, qui n’a plus qu’à passer ses nerfs sur les Parisiens.

Quel candidat pour LR ?

Le congrès des Républicains sera une primaire fermée. Ce sont les militants qui désigneront leur candidat, et ceci devrait être la règle dans un régime juridiquement parlementaire, où les majorités se construisent autour des partis. Si Xavier Bertrand s’en est exclu et que Valérie Pécresse a préféré se tenir à sa marge, ils n’ont jamais rejoint les rives de la macronie. Il n’en demeure pas moins que, sauf surprise d’un Michel Barnier qui gagne en audience, LR se choisira un candidat qui n’est pas issu de ses troupes. Ce n’est pas le moindre des paradoxes de la situation.

En renonçant à la primaire, la droite retrouverait-elle intelligence et lucidité ? Ce qui tend à susciter une réponse négative est la date du congrès : 4 décembre. D’ici là, tous candidats seront déclarés à l’exception peut-être d’Éric Zemmour et d’Emmanuel Macron. Ce dernier profite des événements : effet Zemmour et radicalisation de la campagne, parisianisme et impopularité d’Anne Hidalgo, candidate auto-désignée des socialistes qui prend les Français pour des bobo parisiens, brouillard enveloppant LR et assimilés, toujours sans candidat et très divisés, malgré les apparences savamment mises en scène…

Peu d’alternatives possibles…

La droite, donc. Où est-elle ? Malgré sa faible avance sur la présidente de la région Île-de-France, son collègue des Hauts-de-France est pressenti pour la représenter en 2022. La gauche et la macronie s’évertuent à expliquer que son programme est juridiquement irréalisable, donnant ainsi du crédit à Éric Zemmour, qui fustige la République des juges (et il a raison de le faire) et l’État de droit (là, il a totalement tort, car l’alternative est l’autocratie voire la dictature). Xavier Bertrand a bien compris qu’il faudra amender la Constitution.

Éric Zemmour, sans être candidat, rivalise déjà avec Xavier Bertrand et Marine Le Pen dans les sondages, qui ne sont certes que des sondages. Qu’en sera-t-il le 4 décembre ? La droite partira usée par des mois de rivalités. Et Zemmour (qui risque de « voler » l’électorat de Le Pen) et Macron auront pris une trop grande avance sur leurs rivaux.

 Il est encore trop tôt pour savoir si l’effet Zemmour est un gros buzz de début de campagne ou une lame de fond qui peut tout emporter. Mais la droite républicaine risque fort regretter d’avoir tant tergiversé avant de choisir son candidat. Et d’arriver en troisième position le soir du premier tour de l’élection présidentielle.

Une autre solution, et nous l’avons déjà écrit : qu’au plus vite les candidats à l’investiture de LR se rencontrent et s’entendent sur leur favori et sur une dream team pour gouverner la France.

Michel Taube

Directeur de la publication